Entretien avec Jean-Gabriel Levon, Ÿnsect

  • 29 septembre 2021
  • Marion Letorey
  • 5 min read

Jean-Gabriel Levon est le Directeur Impact et l’un des 4 cofondateurs d’Ÿnsect, une startup à succès créée en 2011 et qui développe des solutions pour nourrir la planète autrement.

Des protéines alternatives pour préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique

Un rapport de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture démontre que d’ici à 2050, la demande en protéine va s’intensifier et qu’il faudra augmenter la production mondiale avec seulement 5% de terres arables encore disponibles sur la surface de la terre. Le but premier d’Ÿnsect est donc de répondre à cette demande en protéine tout en apportant des solutions durables aux grands enjeux de notre temps : préservation de la biodiversité et lutte contre le réchauffement climatique.

Les fondateurs, Jean-Gabriel Levon, Antoine Hubert, Fabrice Barro et Alexis Angot ont pour ambition de proposer des solutions de nourriture à base de protéines d’insectes, d’où le nom de la startup. Au moment de la création d’Ÿnsect, le choix s’est porté sur l’élevage du ver de farine Molitor. Ce dernier, présentant des propriétés exceptionnelles, est constitué de 72 % de protéines, ce qui en fait un insecte premium à haute valeur ajoutée.

Aujourd’hui, la startup s’adresse aux marchés de la nutrition animale grâce à sa farine et à son huile à base de protéines d’insectes, mais également à celui des plantes puisque, dans un souci de circularité, un fertilisant naturel à partir des déjections d’insectes a été élaboré., L’Union Européenne a également récemment autorisé la consommation du ver de farine par l’Homme.

“De ce fait, Ÿnsect se lance sur le marché de l’alimentation humaine par le prisme de ses deux piliers : santé et ingrédient premium, notamment avec le rachat de Protifarm, le leader mondial de la production de protéines d’insectes à destination de l’Homme. La construction d’un troisième site de production, Ynfarm, la plus haute ferme verticale au monde, permettra de répondre à la demande avec 200 000 tonnes d’ingrédients produits par an” explique Jean-Gabriel Levon.

La volonté d’innovation à la source de l’impact positif

Selon Jean-Gabriel Levon, l’impact positif pourrait être défini comme l’utilisation, par une entreprise, de sa force de frappe pour mener des actions dont le but est de rendre le monde plus juste, plus inclusif, plus durable. Un impact positif ne porte pas préjudice au monde et aux vivants qui l’entourent.

L’impact positif est au cœur du projet de la startup. “Sans impact, pas d’Ÿnsect,” rappelle Jean-Gabriel Levon. “L’objectif est d’apporter une solution durable aux grands enjeux actuels, d’innover pour répondre à un problème sans en créer un nouveau.”

Il donne l’exemple de la création de leur troisième site de production à Poulainville, près d’Amiens. Pour limiter l’impact au sol et préserver la biodiversité environnante, c’est une ferme verticale de 36m de haut qui a été construite.

La forte influence des startups sur l’impact positif

Les startups peuvent avoir une influence sur leur écosystème en matière de Positive Impact. Ÿnsect a dans ce but, créé une direction « impact » afin de mener des actions pour préserver la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique. Dans cette optique, une « comptabilité carbone » a été mise en place car la startup ambitionne de réduire significativement ses émissions de carbone.

Nous avons récemment lancé notre projet TerrHa 2040, qui vise à planter dans les Hauts-de-France d’ici à 2040, 1 700 km de haies, soit 1,8 millions d’arbres chez 1 100 agriculteurs partenaires pour une séquestration de plus de 190 000 tonnes de CO2. Ces plantations doivent notamment permettre d’améliorer les niveaux de biodiversité locale, de lutter contre les effets du réchauffement climatique, de renforcer la fertilité des sols grâce notamment aux racines, et de stocker du carbone puisqu’1 km de haie peut stocker jusqu’à 6 tonnes de CO2 par an. Voir l’avancée de certains travaux ou le lancement de projets parallèles tel que TerrHa 2040 permet également de les conforter dans la durabilité de la mission d’Ÿnsect, explique Jean-Gabriel Levon.

L’impact positif est au cœur des relations d’Ÿnsect avec les investisseurs et les institutionnels. Ces derniers se sont d’ailleurs joints à l’entreprise et ont participé aux différentes levées de fonds séduits par l’impact positif et de la sensation d’aider à apporter une solution durable. De plus, le binôme corporate-startup est la formule win-win pour accélérer la transition écologique et maximiser l’impact global.

Investir pour le durable grâce aux levées de fonds

Les dernières levées de fonds ont rendu possible la construction du troisième site de production, qui est la plus haute ferme verticale au monde. Cette ferme verticale est déjà, en elle-même, un projet durable puisque, selon des études menées par des cabinets indépendants, notamment Quantis, Ÿnsect est carbone négatif sur l’ensemble de la chaîne de valeur de ce projet.

Les projets TerrHa 2040 et la construction de la ferme verticale sont représentatifs de la volonté d’Ÿnsect d’aller toujours plus loin pour atteindre le zéro carbone.

Avec la ferme verticale, nous émettons moins que ce que nous séquestrons. De ce fait, l’argent engagé dans ce projet est déjà employé à une initiative durable. Cependant, à plus ou moins long terme, Ÿnsect compte investir dans d’autres projets durables, précise Jean-Gabriel Levon.

Article issu de l’interview réalisée par Valentin Buffet dans le cadre de l’Enquête « Startup & Impact positif : Les prochains piliers de la transition durable ». Avec le concours de notre partenaire Mantu.

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