Entretien avec Joana Vinçon-Leite et Édouard Combette, Ecotechnologies

  • 29 septembre 2021
  • Marion Letorey
  • 6 min read

Joana Vinçon-Leite et Édouard Combette sont deux collaborateurs du fonds d’investissement Ecotechnologies créé en 2012, et “Ville de Demain” de Bpifrance. Joana a un profil à la fois d’ingénieur et d’investisseur et est une convaincue de l’investissement à impact. Édouard Combette a rejoint le fonds en 2014 et a connu l’intégration du fonds “Ville de Demain” il y a 2 ans.

Une dynamique d’investissement qui se structure

À sa création, le fonds Ecotechnologies bénéficiait d’une enveloppe de 150 millions d’euros, avec pour vocation d’investir dans quelques domaines principaux : les énergies renouvelables, l’optimisation des consommations énergétiques, les smart grids, la mobilité, l’écoconception, les matériaux innovants et l’économie circulaire. Depuis, le périmètre s’est étendu à la chimie verte, les agritech et, via le fonds “Ville de Demain, à tout ce qui touche à la smart city.

Édouard Combette explique : “Il y a vraiment eu une accélération ces dernières années d’une part sur la thématique de l’impact au sens large, mais aussi sur la diversification de notre portefeuille. Ce qu’on a observé, c’est qu’en 2012, l’État avait pour ambition de créer le fonds Ecotechnologie pour stimuler un secteur pour lequel l’intérêt des investisseurs était malheureusement relativement faible. De ce fait, on a été constitué avec pour vocation d’être un fonds majeur ayant pour mission de devenir investisseur principal sur des sociétés qui atteignent un stade de maturité correspondant à l’époque à la série B.”

L’investissement à impact reste aujourd’hui un segment bien spécifique du venture capital et ne bénéficie pas encore du foisonnement de projets de fonds d’investissement comme dans le digital. Toutefois, les premiers succès arrivent et permettent de prouver la viabilité du modèle économique comme les startups Phénix ou Ynsect. Enfin, on note un intérêt plus marqué pour les modèles qui sont vertueux pour l’environnement. Cela est appuyé par l’avènement des fonds à impact qui intègrent ce paramètre dans leurs critères d’investissement et contribuent ainsi à créer une émulation assez intéressante pour le secteur.

Cette tendance est également due au fait de la professionnalisation de l’entrepreneuriat et à un écosystème étoffé avec notamment la multiplication des structures d’accompagnement. La qualité des entrepreneurs et donc des projets d’entreprise est bien meilleure selon Édouard Combette.

Et tout cela crée une boucle relativement vertueuse, également dans les Green Tech. La prochaine étape de preuve de l’accélération, ce sont les belles sorties sur lesquelles on travaille également et que l’on espère pouvoir matérialiser prochainement. C’est un peu le prochain challenge en espérant qu’il soit vertueux et que l’on ferme complètement la boucle, à savoir pour des fonds qui, sur un portefeuille entier sur une dizaine d’années, parviennent à générer un Taux de Rentabilité Interne significativement positif sur nos thématiques, explique Édouard.

L’équipe de gestion a pour vocation d’atteindre des performances équivalentes au privé. D’ailleurs, très souvent Ecotechnologies co-investit toujours avec des acteurs privés, suivant les mêmes règles et partageant donc les mêmes enjeux.

Une définition de l’impact positif à 3 dimensions

Pour Ecotechnologies, seul compte l’impact positif. Il est le fil d’ariane de tous les projets et fait l’objet d’une analyse et d’un contrôle très rigoureux de la part de l’équipe. En effet, celle-ci scrute les critères tels que la réduction des émissions carbones, la réduction de la consommation énergétique ou la préservation de la biodiversité.

Édouard Combette rappelle que même si le prisme initial du fonds est vraiment environnemental, “les sujets du social et du sociétal sont des sujets relativement facile à traiter car une startup qui marche c’est une startup qui embauche et donc qui crée de la richesse. Aussi, ce sont des startups dont le fondateur, généralement, a des priorités notamment sur le plan social, sociétal et de qualité de vie qui sont assez poussées.”

De plus, Bpifrance Investissement est dotée d’une politique ESG très poussée et en perpétuelle évolution. De nombreuses actions en termes de transport, de tri sélectif ou d’égalité femme-homme sont déployées constamment. Bien que considérée comme une “grosse boîte”, Bpifrance est une jeune structure qui n’a pas eu besoin de conduite du changement sur ces sujets qui font intégralement partie de son ADN.

Des parties prenantes dans les pas de l’engagement durable de Bpifrance

Par définition, les startups du fonds sont engagées dans la transformation durable. Concernant les fournisseurs, les cabinets d’avocats ou d’audit financier, les démarches autour de la durabilité sont plus celles des groupes auxquels ils appartiennent. En revanche, Édouard souligne que chez Bpifrance, les collaborateurs disposent de procédures de sélection des fournisseurs qui se sont un petit peu renforcées. Elles permettent de s’assurer qu’ils respectent les engagements que Bpifrance s’emploie à appliquer.

De plus, Joana Vinçon-Leite explique que les enjeux environnementaux sont de plus en plus forts pour les corporates qui cherchent des solutions qui vont dans ce sens.

Selon Joana Vinçon-Leite, “c’est une opportunité business incroyable pour nos startups d’allier réponse à un enjeu d’impact positif et performance économique”.

Un retour en arrière n’est plus possible, trop risqué

L’impact positif et les critères ESG représentent une transformation majeure en cours et pour laquelle aucun retour en arrière n’est possible. On observe deux situations : pour les uns cela est encore considéré comme un nice-to-have, un avantage concurrentiel ou un facteur de différenciation ; pour les autres cela devient une condition sine qua non pour développer sa croissance. De manière plus négative encore, cela peut constituer un risque de ne pas être “au top” de l’impact, précise Édouard Combette. Pour lui, aucun investissement d’Ecotechnologies ne serait opéré dans une startup dans laquelle les ESG ou l’impact positif n’auraient pas leur place. Trop risqué.

Bpifrance soutient toujours plus l’effort

Bpifrance a pour objectif d’accompagner la croissance de l’écosystème en levant un deuxième opus de fonds.

Le fonds Ecotechnologies initialement, faisait 150 millions d’euros. Cette fois-ci ce sera plutôt 300 millions d’euros que l’on vise pour aller plus gros, plus loin, accompagner les sociétés, plus de sociétés, dans des proportions financières plus importantes. Parce que c’est le marché qui va dans ce sens-là et c’est extrêmement positif. C’est un très bon indicateur de la vitalité de ce marché, précise à juste titre Edouard Combette.

Article issu de l’interview réalisée par Valentin Buffet dans le cadre de l’Enquête « Startup & Impact positif : Les prochains piliers de la transition durable ». Avec le concours de notre partenaire Mantu.

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