Phenix – L’application anti gaspi

  • 10 décembre 2020
  • Aurelie Sykes-Darmon
  • 9 min read

Phenix met en relation ceux qui ont trop avec ceux qui n’ont pas assez. Vous êtes une entreprise labellisée B-Corp et ESUS : quand on pense à Phenix, on perçoit votre mission avant d’imaginer que vous êtes également une startup tech.

Comment vous définissez-vous ?

Nous nous définissons comme une startup de la Tech for Good, mettant ses solutions digitales au service de plusieurs Objectifs du Développement Durable de l’ONU. Nous ne sommes pas une association ni une ONG, nous sommes une entreprise qui poursuit une logique de “lucrativité limitée”, mais génère du résultat, rémunère ses salariés et ses actionnaires, tout en servant l’intérêt général. Il n’y a aucune contradiction là-dedans : on peut tout à fait gagner de l’argent en faisant quelque chose qui sert la société, quelque chose qui aide à protéger l’environnement au lieu de le détruire, qui réduit les inégalités sociales au lieu de les accentuer. C’est cela que nous essayons de faire. Pour mener à bien notre mission d’en finir avec le gaspillage, nous fonctionnons avec le professionnalisme et l’exigence d’une entreprise, en tâchant d’y apporter les valeurs, la mission et le supplément d’âme propres aux causes d’utilité publique.

Ce fonctionnement nous a permis d’avoir un bel impact : déjà 80 millions de repas sauvés de la poubelle depuis nos débuts en 2014. Actuellement, on est sur un rythme de croisière de 120 000 repas sauvés chaque jour. Quand on sait que plus de 8 millions de Français font face à l’insécurité alimentaire, on comprend l’urgence de connecter ceux qui ont trop avec ceux qui n’ont pas assez. Quand on sait aussi qu’un repas représente en moyenne 2,5 kg d’émissions de CO2 selon la FAO, on comprend que l’enjeu écologique nous anime au quotidien. 

Solution à la fois pour les consommateurs engagés et pour les distributeurs qui cherchent à optimiser, Phenix reconnecte certains maillons de la chaîne de valeur pour éviter le gaspillage. Vous faites aussi du conseil en économie circulaire ? Qu’est ce que vous proposez pour les entreprises concrètement ? Quels sont, selon vous, les basiques indispensables pour les entreprises qui souhaitent s’engager pour œuvrer vers plus de durabilité ?

La mission de Phenix est simple : aider les professionnels de l’alimentaire, quels qu’ils soient, à réduire le gaspillage. Pour ce faire, nous proposons aux commerçants, distributeurs, industriels, grossistes, opérateurs de la restauration collective et producteurs plusieurs outils permettant de viser le zéro déchet alimentaire. Nos solutions sont adaptées aux différentes formes que prend le gaspillage chez chacun de ces acteurs. On distingue 4 canaux d’écoulement.

1.  Une marketplace B2B qui permet d’optimiser la gestion du don alimentaire. Cette plateforme est un lieu de rencontre entre l’offre et la demande d’invendus. Elle vise à réduire les coûts de coordination entre les associations caritatives et les professionnels de l’alimentaire. C’est également un outil pour fiabiliser les données et simplifier le don alimentaire, souvent vu comme une démarche administrativement complexe pour les donateurs.

2.   L’application mobile Phenix, qui a déjà convaincu près d’un million et demi de citoyens d’agir concrètement en achetant à prix réduits les invendus de plus de 6 000 commerçants partenaires. Ce service permet d’écouler les petits volumes et les produits non éligibles au don associatif. 

3.   Un accompagnement pour éviter la destruction des invendus non éligibles au don ni à la vente pour des raisons légales ou logistiques via le nourrissage d’animaux : Phenix connecte les professionnels de l’alimentaire avec des parcs animaliers, des fermes pédagogiques, des refuges de la SPA, des louvetiers, des fauconniers, etc.

4.  La chaîne d’épiceries Nous Anti-gaspi. Ce sont des supermarchés où l’on vend les produits non conformes aux cahiers des charges habituels de la grande distribution : fruits et légumes moches, œufs dont le diamètre est trop gros ou trop petit, produits dont le sur-emballage est abîmé, etc. Dans ces magasins physiques, le consommateur paye ses courses en moyenne 30% moins cher que dans les supermarchés conventionnels. 

Ces canaux d’écoulement permettent de gérer le gaspillage en aval de la chaîne. Pour travailler aussi à sa réduction en amont, nous avons créé Phenix Consulting, un cabinet de conseil en économie circulaire. Nous avons déjà eu plusieurs missions avec des acteurs comme Airbus, Kering ou encore Truffaut.

L’ensemble de ces solutions fait de nous le seul acteur de l’anti-gaspi à adresser l’ensemble de la chaîne de valeur. Nous avons prouvé qu’une entreprise responsable est une entreprise qui crée de la valeur au lieu d’en détruire. Gaspiller de la nourriture c’est gaspiller de l’argent. En s’engageant dans l’économie circulaire, les entreprises peuvent transformer un centre de coût en un centre de profit et faire avec nous le pari de la transition vers un modèle plus soutenable.

Comme dans toutes les startups, et d’autant plus les startups tech, l’innovation est importante. En tant qu’entreprise à mission promouvant l’économie circulaire, le durable et le responsable sont indispensables. Comment vous procédez pour faire évoluer vos produits/services en ce sens ?

En 6 ans, nous avons lancé plusieurs business units et offres complémentaires de notre pilier de base. Plateforme B2B pour le don alimentaire, service de vente accélérée pour les supermarchés, pôle événementiel, cabinet de consulting, chaîne d’épiceries Nous anti-gaspi, et bien sûr l’application anti-gaspi Phenix. Certains autres projets n’ont hélas pas passé le cap attendu, mais cela fait partie du jeu, les échecs faisant partie de la vie des entreprises qui tentent des choses sur de nouveaux marchés. 

Parce que le gaspillage est un marché peu mature, le risque est significatif, mais il ne faut pas se décourager. Une idée qui ne fonctionne pas aujourd’hui peut connaître un gros succès quelques années plus tard du fait de l’évolution des usages. C’est le fameux “time to market” bien connu des entrepreneurs.

Le plus important, c’est de capitaliser sur la relation client : nos 7 000 partenaires sont une source d’information non négligeable. Leurs retours nous aident à co-construire les meilleurs outils pour vider leurs poubelles.

Parallèlement, nous investissons dans le recrutement de talents. Pour réaliser le changement d’échelle, on a besoin de profils adaptés. Bien s’entourer c’est la base quand on veut entreprendre avec succès. On construit une culture d’entreprise ancrée autour de valeurs fortes, avec une dynamique de transparence et d’intrapreneuriat permettant de libérer les énergies. On consolide l’équipe historique avec des personnes qui viennent aussi bien d’entreprises de l’agroalimentaire comme Coca-Cola ou Ferrero, des consultants ou encore de boîtes très tech comme Uber, Google ou Stuart.

Parce qu’on va plus loin à plusieurs, vous êtes également co-président du Mouvement Impact France (ex-MOUVES). De nombreux projets sont en cours avec le mouvement pour aborder la transition écologique qui s’accélère pour les entreprises. Pouvez-vous partager quelques éléments de cette feuille de route pour 2021 ?

Il faut d’abord rappeler le contexte difficile dans lequel nous a plongé la crise sanitaire. Les destructions d’emplois vont être nombreuses. Mais chaque crise constitue également une opportunité de se réinventer. Chez Impact France nous pensons que la relance doit faire la part belle aux entreprises qui mettent l’impact au coeur de leur mission, et que nous avons une chance unique d’accélérer la transition sociale et environnementale attendue par tant de parties prenantes : les consommateurs, les travailleurs, certains financeurs, et les jeunes générations. 

Nous portons plusieurs mesures. D’abord, celle qui parle au consommateur : la baisse de la TVA pour les produits socialement et écologiquement responsables. Cela veut dire les produits issus du commerce équitable, de l’agriculture biologique, les produits dits éco-conçus, les produits locaux ou encore les produits de seconde main. 

Toujours sur le volet consommateur, nous souhaitons que les entreprises rendent public leur Impact Score. J’entends par-là leurs engagements dans les domaines écologiques et sociaux. Nous avons vu l’effet du Nutri Score : il guide la décision d’achat du consommateur. Aidons le consommateur à décider en connaissance de cause.

Et parce qu’inventer le monde de demain ne peut se faire sans investissement, il est urgent d’orienter l’argent vers des entreprises socialement et écologiquement innovantes. C’est pourquoi, nous proposons d’une part d’augmenter le crédit d’impôt à l’innovation déjà existant, mais aussi et surtout de l’élargir à l’innovation sociale et écologique. Il s’agit de repenser l’innovation par son objet : quelle utilité cette innovation aura-t-elle pour la résilience et le bien-être de notre société ?.

Nous savons qu’une autre conception de l’entreprise et qu’une nouvelle génération d’entrepreneurs émergent, et nous proposons d’incarner cette voie alternative au modèle dominant. Ces différentes mesures sont là pour consolider ces nouveaux modèles au service de la transition. Notre enjeu est à présent de passer de la logique de pionniers à la norme, au nouveau standard de l’économie. Pour cela nous recrutons des structures adhérentes : rejoignez-nous !

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